Véronge et Ursule, un couple transgressif à l’isle Bourbon !

En décembre 1723, durant le règne de Louis XV, le code noir est institutionnalisé aux Mascareignes (Isle Bourbon, isle de France et isle Rodrigues).

Ce code interdit tout mariage, concubinage, relation entre les blancs et les personnes libres de couleur ou les esclaves.

En 1831, le mariage entre les blancs et les libres de couleur ou affranchis est autorisé. Cette nouvelle possibilité, mal accueillie par la population blanche et esclavagiste, va permettre à plusieurs couples mixtes de légitimer leur relation.

Le 12 avril 1831, le couple Jean Baptiste Pierre Hyacinthe de Lanux dit Véronge et Ursule René sort de la clandestinité hypocrite dans laquelle la maintenait le code noir et s’unit par les liens du mariage à Saint Leu (La Réunion). Durant cette cérémonie, les 14 enfants du couple sont légitimés, à savoir :

    • Marie 1784-1869
    • Florentine 1785-
    • Célestin 1786-1853
    • Suzanne 1787-1850
    • Joseph Séverin 1788-1845
    • Jean Baptiste Félix 1791-1845
    • Pierre René 1794-1855
    • Anne 1794-1845
    • Elisabeth 1795-1873
    • Françoise 1797-1857
    • Marie Marguerite Emilie 1799-1874
    • Louis 1801-1863
    • Ursule  1803-1870
    • César Ferdinand 1805-1871

Leur premier enfant est né en 1784 ; le couple aura vécu pendant au moins 57 années dans la clandestinité avant de pouvoir afficher au grand jour son amour.

Le couple :

  • Jean Baptiste Pierre Hyacinthe de Lanux dit Véronge de Lanux est né le 10 juin 1763 à Saint Paul (Isle Bourbon). Il est le fils aîné de Pierre Evariste de Lanux (de Lanux Véronge), fils de Jean-Baptiste François de Lanux et de Barbe Léger, et sa mère Suzanne Anne Ricquebourg.
  • Ursule René est née en 1765 à Saint Leu (Isle Bourbon). Elle est affranchie le 4 juin 1787 par Michel Lebrun, un alsacien fraichement installé sur l’île. Il semble que cet affranchissement soit un montage et que M. Lebrun ne soit qu’un prête-nom permettant à Véronge de Lanux d’affranchir Ursule et de lui donner un pécule à l’insu de la famille de Lanux. En effet lors du mariage de Florentine, 2ème enfant du couple, elle est déclarée comme étant la fille d’Ursule affranchie de Sieur Véronge.

Selon l’historienne Sabine Noël, il s’agit d’une vente fictive entre Véronge et et Michel Lebrun pour faciliter l’affranchissement d’Ursule, moyen très utilisé pour détourner les actes légaux (Amours invisibles …).

En 1808, Véronge « vend » un terrain à sa fille Florentine qu’elle déclare quelques temps après en dot pour son mariage l’année suivante avec Louis Marcelin. Il s’agit encore une fois d’un moyen pour faire une donation cachée à sa fille.

Plusieurs fois Véronge est caution solidaire d’Ursule René. Au fur et à mesure des transactions passées, il se déleste de ses biens en faveur de sa compagne et de ses enfants.

Par contre pour le patronyme de cette branche familiale, la famille de Véronge exigea que les descendants du couple s’appellent « Véronge Delanux » ce que nous retrouvons pour tous les enfants légitimés du couple. Toutefois, dès les générations suivantes, le patronyme change et deviendra « Véronge de Lanux », « Delanux » ou « de Lanux ».

Deux générations plus tard, les tensions semblent s’être apaisées entre ces deux branches de la famille de Lanux. En effet, durant la minorité des 2 fils de Jean-Baptiste Félix Véronge Delanux (décédé en 1845), leur patrimoine était géré par un conseil de famille dont mon ancêtre à la 5ème génération, Henry Frédéric de Lanux, était membre.

De cette branche aînée de notre famille est issue la majorité des de Lanux vivants encore à la Réunion, à Madagascar, au Canada et en France métropolitaine. Elle donnera également naissance à quelques personnalités célèbres :

Véronge de Lanux s’éteint le 27 janvier 1833 aux Colimaçons à Saint Leu (La Réunion) dans la maison de sa femme à l’âge de 69 ans.

Ursule s’éteindra quelques années plus tard le 28 septembre 1841 à Saint Leu (La Réunion), dans la maison de Pierre Guiton (mari de sa fille Ursule), à l’âge de 76 ans.

Malgré les interdits de la société esclavagiste, les contraintes et pressions familiales, ce couple a réussi à vivre une grande histoire d’amour.

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Sources :

 

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