Départ pour l’isle Bourbon – La frégate légère « Rubis » et le vaisseau « Saint-Albin »

Comme raconté dans un article précédent sur Jean-Baptiste François de Lanux, il navigue sur la frégate le « Rubis » pour aller de Lorient à l’isle Bourbon (La Réunion).

En 1720, il travaille déjà pour la Compagnie des Indes comme contrôleur dans le service des Sceaux. Et c’est comme commis qu’il se présente le 19 octobre 1721 au capitaine Grenier en même temps que 16 soldats de la compagnie de Marion [1]. D’après le document signé par M. de Lestobec (directeur de la Compagnie des Indes à Lorient), il embarque le 12 janvier 1722 à bord de la frégate. Sur ce document, il est stipulé que ses repas, pris en charge par la Compagnie des Indes, sont donnés à la table du capitaine.

Port de Lorient au 18ème siècle

Le « Rubis » et le « Saint-Albin » sont partis du Havre le 7 octobre 1721 pour rejoindre le port de Lorient puis l’isle Bourbon.

Le « Saint-Albin« , est un vaisseau de 350 tonneaux, armé de 26 canons qui appartient à la Compagnie des Indes. Son capitaine est Gabriel de Lamarre, originaire de Paris. L’équipage est composé au total de 80 marins et le navire embarque 71 passagers dont 4 femmes et 5 enfants. Il a été armé en 1717 au Havre pour le Sénégal pour les campagnes de traite d’esclaves entre le Sénégal et la Louisiane. Il a également participé à des campagnes de la traite d’esclaves dans l’Océan Indien. Il sera désarmé et condamné (détruit) le 4 octobre 1723 à Pondichéry (Inde).

Frégate légère

Le « Rubis » est une frégate légère [2] de 110 tonneaux, armée de 12 canons, construite en 1717 en Louisiane et son capitaine est Vincent Grenier, originaire du Havre. L’équipage est composé au total de 38 marins et le navire embarque 44 passagers (uniquement des hommes). Ce vaisseau a participé au commerce triangulaire. Une de ces campagnes (1719/1720) a consisté à déporter 130 esclaves noirs de Gorée (Sénégal) à la Louisiane. Seuls 127 esclaves arriveront vivants en Louisiane. Il participera également à des campagnes de la traite d’esclaves entre Madagascar, Isle de France (Maurice) et l’Isle Bourbon (Réunion). Il sera désarmé et condamné (détruit) le 24 novembre 1723 à l’isle Bourbon.

En ce début de 18ème siècle, il fallait compter pas moins de 10 jours de voyage en coche [3] pour faire le trajet de Paris à Lorient. Les coches étaient l’ancêtre de la diligence. Elles étaient réputées inconfortables et guère rapides. Elles étaient tirées par 6 chevaux et il fallait descendre lors des montées trop abruptes ou si la route était trop boueuse. Étant parti début octobre 1721 de Paris, nous pouvons imaginer les conditions de voyage de notre ancêtre [4].

Les deux navires emportent comme chargement des biens et des marchandises pour l’isle de France et pour l’isle Bourbon :

  • des marchandises dont de la nourriture, du vin, du riz, de l’eau de vie, du lard, des pois et des haricots
  • des canons de 12 livres
  • des munitions

Il y a également des hommes de métiers divers :

  • Vincent François Lagrenée, commis de la Compagnie, parti du Havre
  • Jean-Baptiste François de Lanux, commis de la Compagnie, embarqué à Lorient
  • 1 chirurgien et sa femme
  • 3 forgerons
  • 3 armuriers, avec femme (et enfants, pour certains).
  • 1 maçon
  • 1 tonnelier
  • 3 charpentiers
  • 1 maitre canonnier
  • 40 soldats de la compagnie de Marion [1]

Le 13 février 1722, les deux navires quittent le port de Lorient pour rejoindre leur destination dans l’océan indien. Ils n’ont pas exactement le même parcours de navigation.

  • Le « Saint-Albin » va faire escale à Gorée (Sénégal), au Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) puis à l’isle Bourbon.
  • Le « Rubis » va faire escale à Madagascar puis à l’isle Bourbon.

Lors de son escale à Madagascar, le « Rubis » accueille à son bord 12 marins et officiers du vaisseau « Duchesse de Noailles » capturé par des forbans. Ces personnes seront débarquées à l’isle Bourbon.

Maltraités par les capitaines de ces deux vaisseaux, à ce qu’il parait, des matelots, des soldats et des ouvriers désertèrent ou décédèrent durant le voyage :

  • Sur le « Rubis » : 5 désertions et 7 décès dont 5 soldats. Une partie des inventaires au décès des ces personnes a été réalisée et signée par notre ancêtre comme commis de la Compagnie des Indes.
  • Sur le « Saint-Albin » : 6 désertions et 19 décès dont 9 soldats.

Le « Rubis » arrive à l’isle Bourbon le 12 septembre 1722 après quasiment 7 mois de voyage. Notre ancêtre débarque le jour même sans savoir que cette île sera sa demeure jusqu’à la fin de ces jours.

Le « Saint-Albin » arrive à l’isle Bourbon le 15 octobre 1722 un mois après le « Rubis ».

Ces deux navires repartiront rapidement pour une campagne de traite d’esclaves sur les côtes malgaches : le 7 octobre 1722 pour le « Rubis » et le 12 novembre 1722 pour le « Saint-Albin« . Cette campagne n’aura pas, heureusement, le succès escompté.

Documents : 

Notes :

[1] La compagnie de Marion est un compagnie levée par la garde de l’arsenal de Lorient pour le compte de la Compagnie des Indes (Sabine Noël) dans « Nous, les descendants de Pitre Folio, le ci-devant flibustier » (PubliBook) de M.-C Séry-de Boisvilliers (page 111, note 14).

[2]  Frégate légère : Frégate légère (histoire-de-fregates.com)

[3] Coche : Coche (hippomobile) — Wikipédia (wikipedia.org)

[4] Les aléas du voyage : Les aléas du voyage – Destination Versailles (hypotheses.org)

Sources :

  • « L’île Bourbon pendant la Régence: Desforges-Boucher, les débuts du café » de Albert Lougnon
  • « Nous, les descendants de Pitre Folio, le ci-devant flibustier » de M.-C Séry-de Boisvilliers (Publibook)
  • Les Archives Nationales / ANOM / Archives départementales de la Réunion / Wikipedia
  • Archives familiales
  • Compagnie des Indes : Compagnies des Indes – Mémoire des hommes (defense.gouv.fr)

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